
Vous êtes mari et femme à la ville, et initiateurs du groupe «Mélimane». Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Imane?: au Maroc, choisir la musique comme métier n’est pas bien vu pour une fille. Je faisais partie de la chorale de Mohammedia, ma ville d’origine, mais j’ai dû arrêter à cause de la réticence de mes parents. Vivre pleinement ma passion était problématique. Je me suis armée de patience, et j’ai attendu tout ce temps-là pour réaliser mon rêve. Lorsque j’ai rencontré Karim au lycée en 2002, l’idée d’une collaboration a germé et nous avons joué pour la première fois au lycée Lyauté. Une soirée mémorable… puis les concerts se sont enchaînés.
Karim?: à l’époque je baignais dans le hip hop français et le rock, et je commençais à considérer une carrière dans la musique. A Mohammedia, les soirées à tendance feu de camp et surf ne manquaient pas, et c’est ainsi que j’ai commencé à jouer la guitare avec les amis. Lorsque j’ai rencontré Imane, je suis tombé sous le charme de sa voix, voilà comment notre collaboration a commencé. Plus tard, en 2010, nous avons été appelé en 2010 pour des sessions de jam à la villa des Arts de Casablanca. Après cette expérience, il a fallu chercher d’autres musiciens pour former le groupe.
Vous êtes les gagnants de Génération Mawazine, édition 2012. Parlez-nous de cette expérience. Karim?: génération Mawazine est la seule compétition musicale à laquelle nous avons participé au Maroc. A la base, l’idée vient d’Imane qui a décidé, sur une impulsion, d’envoyer une maquette aux organisateurs. Pour cette édition de Génération Mawazine, Maroc Culture a voulu changer les règles du jeu et organiser une compétition qui englobe toutes les catégories musicales, au lieu de choisir un gagnant par catégorie, à l’instar des années précédentes. Pour la finale, nous étions au coude à coude avec le groupe métal Hinder Minds de Casablanca et le groupe rap métal Killing the Game. Nous avons vécu l’expérience d’une manière spontanée, au gré des étapes, et nous avons composé quatre chansons, en essayant de trouver le juste milieu entre les affinités des mélomanes au Maroc et notre penchant pour la musique « underground » que nous souhaitons conserver. Par ailleurs, nous sommes contents d’ avoir gagné un contrat de cinq ans de management et un album que nous préparons actuellement.
Quelles seront les thématiques et la tonalité de cet album ? Et quand sortira-t-il dans les bacs ?
Imane?: en ce moment, nous effectuons une série de repérages, à la recherche d’un studio d’enregistrement, et l’album devrait être prêt à la rentrée. Il regroupera les quatre compositions de Mawazine, que les gens connaissent vu qu’ils sont disponibles sur Soundcloud et sur Facebook : « The Rebound », « Music », « Right and wrong » et « Go to hell » une reprise réarrangée de Nina Simone.
Karim?: il incluera également « Hal el denya » inspirée des paroles du poète Abderrahman Majdoub, que nous avons retravaillé à la manière d’un morceau reggae, avec une partie en anglais chantée par Imane. Nous avons également enregistré deux chansons, dont « Music » qui passe sur les ondes depuis février. Nos thèmes sont universels, et chaque chanson est un état d’âme en soi, et une émotion qui reflète une expérience personnelle, notre perception de la société et du monde qui nous entoure.
L’album sera-t-il en vente ou en téléchargement ?
Karim?: c’est Maroc Culture qui s’occupe de ce volet. Les organisateurs comptent placer tous les morceaux des artistes qui ont participé à Génération Mawazine sur une plateforme de téléchargement légal.
Qui compose les chansons?
Imane : nous travaillons souvent en tandem: J’écris les paroles et Karim compose la musique, et les autres membres du groupe affinent et arrangent. Le travail est quasi-collectif, mais le fait que Karim et moi sommes mari et femme facilite l’échange.
Pourquoi écrire en anglais, non en français ou arabe,?
Parce que dans cette langue je peux m’exprimer librement. L’anglais est mon langage musical. C’est étrange, mais le fait que l’anglais ne soit pas ma langue maternelle me met à l’aise. C’est comme un déguisement où je me sens libre de verbaliser les choses. En arabe ou en français, les émotions sont moins faciles à exprimer.
Votre single « Music » passe actuellement sur les ondes. Pourquoi avoir choisi de promouvoir ce morceau pop, au détriment de la musique que vous jouez normalement, à savoir la soul et le reggae ?
« Music » a été composée pour toucher le grand public, parce que nous savons que les chansons qui passent à la radio doivent être accessibles et entraînantes. Notre première chanson « The rebound » est assez complexe. Nous élargissons notre spectre, et nous composons aussi bien de la pop que des morceaux plus complexes. Nous invitons les fans à venir aux concerts pour choisir ce qui leur plaît, et filtrer. Le public ne nous connaît pas encore et c’est justement dans les concerts que ce genre de dialogue se crée.
Cet article Mélimane : «Chaque chanson est un état d’âme» est apparu en premier sur Le Soir-echos.
Lire la suite Le Soir Echos
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire